Carême : Coronavirus 19 et Confinement
Texte d'un paroissien savoyard , atteint du coronavirus:
" Il joue pourtant un jeu subtil, ce petit
virus, nous apprenant à renoncer à notre toute-puissance. Non, décidément, tout
ne dépend plus de nous les humains ! Il nous met, si nous le voulons, sur
la voie de la prière. Privés de nos célébrations habituelles, nous sommes
devant un vide, un vide sacramentel. Il nous remet en chemin de carême, nous
obligeant à vivre l’Évangile de Matthieu qui invitait à retrouver le Père dans
le secret. Le secret de nos chambres, de nos maisons, des déplacements limités,
des commerces et des bureaux désertés. En l’absence de l’eucharistie
communautaire, il nous force à vivre très simplement un style de vie…
eucharistique. Oui, à travers la prière, à travers le service, sur fond
d’impuissance, nous avons beaucoup à offrir et nous pouvons transformer notre
vie en eucharistie. Ne perdons pas confiance, ne passons pas notre temps à
gémir et nous plaindre ! Retrouvons la valeur des petites choses, ouvrons
les yeux sur les autres et vivons la charité.
Sur la croix, Jésus s’est trouvé impuissant.
Il a été le jouet de plus fort que lui. Il a pourtant choisi d’aimer. Dans nos
vies, nous prenons parfois des coups, nous sommes atteints par des choses qu’on
ne voudrait pas. Chemins de croix où l’on peut dire à quelqu’un qu’on l’aime.
Serons-nous capables, en chrétiens, de vivre ce temps-là le regard tourné vers
le cœur aimant de Jésus, associant l’épreuve du moment à sa croix ? C’est
ainsi, cette année, que nous allons nous préparer à la joie de Pâques. "
Texte de Raffaele Morelli:
psychiatre et président
fondateur de l’Institut de médecine psychosomatique de Riza. (Italie)
« Je crois que le cosmos a sa façon de
rééquilibrer les choses et ses lois, quand celles-ci viennent à être trop
bouleversées. Le moment que nous vivons, plein d’anomalies et de paradoxes,
fait réfléchir…
Dans une phase où le changement climatique,
causé par les désastres environnementaux, a atteint des niveaux inquiétants.
D’abord la Chine, puis tant d’autres pays, sont contraints au blocage ;
l’économie s’écroule, mais la pollution diminue de manière considérable.
L’air s’améliore ; on utilise un masque, mais
on respire…
Dans un moment historique où, partout dans le
monde, se réactivent certaines idéologies et politiques discriminatoires,
rappelant avec force un passé mesquin, un virus arrive, qui nous fait
expérimenter que, en un instant, nous pouvons nous aussi devenir les discriminés,
les ségrégués, ceux qu’on bloque aux frontières, qui amènent les maladies.
Même si nous n’y sommes pour rien.
Même si nous sommes blancs, occidentaux, et
que nous voyageons en première classe (= complexe de toute puissance)
Dans une société fondée sur la productivité
et la consommation, dans laquelle nous courons tous 14 heures par jour après on
ne sait pas bien pourquoi, sans samedi ni dimanche, sans plus de pause dans le
calendrier, tout à coup, le «stop» arrive.
Tous à l’arrêt, à la maison, pendant des
jours et des jours.
À faire le compte d’un temps dont nous avons
perdu la valeur, dès qu’il n’est plus mesurable en argent, en profit.
Sait-on seulement encore quoi en faire ?
Dans une période où l’éducation de nos
propres enfants, par la force des choses, est souvent déléguée à des figures et
institutions diverses, le virus ferme les écoles et nous oblige à trouver des
solutions alternatives, à réunir les mamans et les papas avec leurs propres
enfants.
Il nous oblige à refaire une « famille ».
Dans une dimension où les relations, la
communication, la sociabilité, se jouent essentiellement dans ce non-espace du
virtuel des réseaux sociaux, nous donnant l’illusion de la proximité, le virus
nous enlève la proximité, celle qui est bien réelle : personne ne doit se
toucher, pas de baisers, pas d’embrassades, de la distance, dans le froid du
non-contact.
Depuis quand avons-nous pris pour acquis ces
gestes et leur signification ?
Dans un climat social où penser à soi est
devenu la règle, le virus nous envoie un message clair : la seule manière de
nous en sortir, c’est la réciprocité, le sens de l’appartenance, la communauté,
se sentir faire partie de quelque chose de plus grand, dont il faut prendre
soin, et qui peut prendre soin de nous.
La responsabilité partagée, sentir que de nos
actions dépendent, non pas seulement notre propre sort, mais du sort des
autres, de tous ceux qui nous entourent. Et que nous dépendons d’eux.
Alors, si nous arrêtons la « chasse aux
sorcières », de nous demander à qui la faute et pourquoi tout ça est arrivé,
pour nous interroger plutôt sur ce que nous pouvons apprendre, je crois que
nous avons tous beaucoup de matière à réflexion et à agir.
Parce qu’avec le cosmos et ses lois, de
manière évidente, nous avons une dette excessive.
Il nous le rappelle au prix fort, avec un
virus.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Bonjour
Merci de votre commentaire.
Sa publication sera effectuée après modération.