A-Dieu Bertrand

 


La famille ignatienne des Alpes-Maritimes, s’est réunie mercredi 1er septembre pour un dernier A-Dieu à Bertrand Geoffray, membre actif du Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants et de JRS-Welcome, entourant Anne et sa famille. Anne est au bureau des chemins Ignatiens 06. 

Militants d’une plus juste place des femmes dans l’Eglise, l’homélie a été confiée à Marie-Joelle Guegueniat, Xavières:

 

 Commentaire de la Parole de Dieu (Matthieu 5, 1-12) 

Le passage de l’évangile de Matthieu que nous venons d’entendre, est intitulé par certaine traduction biblique « le Sermon sur la montagne ». Drôle de sermon !!! « Heureux », « Heureux ceux qui pleurent…Heureux les pauvres, les doux, les artisans de paix…Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice…».

Lorsque Anne m’a demandé si je voulais bien prendre la parole après l’évangile, je l’ai accepté mais sans avoir connaissance du passage d’évangile choisi par la famille.

Qu’elle ne fut pas ma surprise en le découvrant. En effet, cette parole n’avait cessé de m’habiter lorsque je me suis remémorée tous ces temps de rencontres fraternelles avec Bertrand et Anne ; temps de partages en équipe et en secteur MCC (Mouvement Chrétien de cadres et dirigeants), mais aussi les temps de préparations, bien souvent nous rebâtissions le monde !!!

Et c’est ce mot « Heureux » qui a résonné avec Bertrand, « Réjouissez vous, soyez dans l’allégresse » - c’est de cette joie, de cette Espérance en la Vie que Bertrand désirait témoigner.

Mais de quel bonheur ce Jésus nous entretient-il au sommet de la montagne ?

Prenons le temps de gravir la montagne avec Jésus, mettre nos pas dans ses pas, marcher à sa suite, il reste silencieux. A son arrivée au sommet, « il s’assit » ; nous asseoir avec lui, à l’exemple de ses disciples « qui s’approchèrent de lui ». Prendre le temps d’être là tout simplement, le regarder,  cet homme Jésus, le Christ, Fils de Dieu, il se fait proche de la foule. Lui qui a dit « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ».

Il voit la foule : son regard pénètre les cœurs, il ne s’attarde pas sur les apparences ; un regard qui perçoit la souffrance, capable d’être ému de compassion, son empathie touche les cœurs. Après avoir promené son regard sur cette foule qui le scrute, il « ouvre la bouche » nous dit l’évangile et « il l’enseigne ». Il lui parle au cœur « Heureux ».

Une parole qui retentit du sommet de la montagne pour rejoindre chacun au plus profond de son être. Aujourd’hui cette parole poursuit son œuvre en chacune de nos vies parfois sans nous en rendre compte !! Une parole qui agit lorsque chacun de nous cherche à être artisan de paix, à lutter contre les injustices, à poser des actes qui ont du sens, à pardonner même si parfois cela nous paraît impossible…

 Bertrand, dans sa quête de sens, a cherché à mettre en pratique cette Parole de Jésus « Sachant cela, heureux êtes-vous si vous le faites », une parole que Jésus a laissé à  ses disciples après leur avoir lavé les pieds juste avant de les quitter.

Comme ses enfants ont pu nous le partager, même s’il avait une tête de mule qui ne lâchait rien, il ne cessait de creuser et de chercher à aller jusqu’au bout des choses. Et cette marche en avant (Dieu sait s’il marchait !!!), toujours plus, en compagnie d’Anne, les a amené à avoir une grande ouverture d’esprit, à devenir « flexibles », à laisser chacun des enfants choisir ce qu’ils souhaitaient faire (par exemple).

Il a eu le souci de rendre leur dignité aux plus démunis : par sa présence auprès des prisonniers avec le programme « Lire pour en sortir » ;  par l’apprentissage du français pour les demandeurs d’asile et les accueillir sous leur toit. Il était aussi préoccupé par l’inégalité de la femme par rapport à l’homme (salaire, reconnaissance, leur place dans la société…).

 « Heureux » - Oui ce bonheur, Bertrand l’a reçu de l’Esprit de Jésus et l’a entretenu. Ce bonheur, accueilli, est passé par des combats où le chemin fut étroit, caillouteux, boueux, où le sentier fut sinueux, épineux. Il a appris à lâcher prise tout doucement pour laisser la place à cet Esprit de Jésus qui lui donnait d’être « drôle », « humaniste » pour ses enfants mais qui était aussi ce père ayant une grande sensibilité même s’il ne la montrait pas beaucoup.  

Je voudrais terminer avec cette remarque faite par ses enfants : « à la montagne tout était photographiable » même si la randonnée il l’avait déjà faite plusieurs fois.

Ce désir qui habitait Bertrand de prendre des photos pour immortaliser chacune des randonnées comme s’il y avait toujours une nouveauté (une fleur, un papillon, une lumière, un chemin, une montagne, un paysage..) m’a renvoyé au psaume 26 :

« Écoute, Seigneur, je t'appelle ! * Pitié ! Réponds-moi !

Mon cœur m'a redit ta parole : « Cherchez ma face. » 

C'est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. »

 Oui, dans sa quête de sens, de bonheur, n’a-t-il pas cherché la face du Seigneur Jésus, lui le Fils de Dieu qui a donné sa vie pour ses amis ? Certes à travers toutes ses rencontres mais, peut-être aussi, lorsque il prenait ses photos ! « C’est ta face Seigneur que je cherche : ne me cache pas ta face ».

 

                                                                                            Marie-Joëlle G.

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